Rubis n’avait pas très bien dormi cette nuit. Malgré la vie de nomade à laquelle il avait toujours été habitué, il avait beaucoup de mal à dormir dans un nouvel endroit, un nouveau lit… D’autant plus que là, c’était bien plus qu’un petit changement de décors : il se trouvait dans un autre monde. Un monde qui, de prime abord, lui paraissait plus paisible que ce à quoi il s’attendait. Dans le royaume de Fynn, dès qu’on sortait d’un village, il fallait s’attendre à ce que des créatures sauvages nous tombent dessus. Cependant, dans ce monde-ci, Rubis n’avait pas eu le moindre problème. Au contraire, la veille au soir, il avait fait la rencontre de Veralwynn, un ange de glace.
A ce propos, il devait le retrouver aujourd’hui à la salle d’entraînement : « Cesse donc de rêvasser Rubis, tu vas finir par être en retard » se disait le mage, angoissé à l’idée de se battre. Mais il n’était pas venu dans ce monde pour se tourner les pouces, et un peu d’exercice pour se remettre dans le bain ne lui ferait pas de mal.
Le problème avec un Colisée de cette envergure, c’est qu’on s’y perd facilement ; et justement Rubis, dont le sens de l’orientation équivalait à celui d’une huitre enrhumée, s’était égaré. Un plan détaillé affiché sur le mur indiquait : « Vous êtes ici ». Bien loin des cartes en parchemin dont le mage se servait généralement, il mit une bonne dizaine de minutes à comprendre ce plan : « Normalement, la salle devrait se trouver juste… là ». Rubis se retourna lentement, il se trouvait juste en face de l’entrée de la zone d’entraînement. « J’ai toujours su que je n’étais pas perdu », fit-il en relevant légèrement la tête et en pénétrant dans la pièce comme si de rien n’était.
Un bon nombre de combattants s’y entraînaient, tantôt sur des mannequins, tantôt entre eux-mêmes. « Ah tiens, les mannequins ne sont pas en paille ici », remarqua le mage.
Rubis Cherchait des yeux son nouvel ami, Veralwynn. Mais la salle était grande, et combattants nombreux. « Il ne doit pas y avoir trente-six anges non plus là-dedans… »
Il avait beau chercher dans toute la salle, il ne trouva aucun signe de l’ange. En tout cas dans la pièce principale, il ne le trouva pas. Il y avait également d’autres pièces, chacune indiquant un certain type d’entrainement. Là où il se trouvait il n’y avait que des mannequins immobiles. Rubis décida alors de s’asseoir sur un banc, pensant qu’il était le premier arrivé. Pourtant l’ennui le pris assez vite malgré le spectacle – assez décevant – des autres combattants qui s’entrainaient. Il ouvrit alors son livre de magie, partie basique, chapitre foudre. Il récita le sort dans sa tête en se concentrant, et tout ce qu’il put faire apparaitre résulta en un arc électrique d’un rayon d’à peine 1 cm au creux de sa main, qui disparu aussi vite. C’était juste suffisant pour chatouiller une fourmi.
Bien que l’essaie fut toujours aussi peu convainquant, le mage recommença de plus belle, mais ce fut tout aussi ridicule.
« Il faut bien se faire à l’idée… Maître Minwu m’avait bien dit que les autres éléments seraient plus compliqués à maîtriser. »
Ce que Rubis voulait dire par là, c’est que dans son monde, les gens naissaient avec des caractéristiques magiques différentes et développaient une maîtrise plus prononcée pour un art que pour un autre. Chez Rubis, il s’agissait de la Glace, même quand il utilisait le sort soin, ceux qui se faisaient soigner ressentaient un léger frisson, comparé à l’effet provoqué par d’autres soigneurs. C’était inscrit dans ses gênes comme pour son apparence. Au final, il fallait un peu de tout dans ce monde.
Il referma son livre quand il vit quelqu’un s’approcher de lui.
« Bonjour ! Hé bien je ne pensais pas que vous étiez déjà là. Cet endroit est tellement grand, je n’ai pas encore eu le temps de tout visiter. Vous avez déjà commencé l’entrainement n’est-ce pas ? »
Alors que Veralwynn venait de configurer son adversaire sur l'ordinateur, nous avons été interrompus par les gémissements d'un enfant:« Rends-moi mon grappin !!— Désolé, gamin, mais tu mérites pas d'être dans cette salle, même pas d'être arrivé dans ce monde !! Tu es trop jeune, mon petit, rentre chez toi !!— Rends-le moi !!— T'as pas honte de voler un objet à un enfant ? Si tu veux te mesurer à quelqu'un, cherche moi plutôt moi !!— Tu m'énerves, gars !! Tu vas regretter de m'avoir défié, moi, un habitant de la ville des Dragons d'Unys !!— C'est ça, c'est ça … »Rubis observait la scène calmement. Les esprits des deux hommes s’échauffaient. Les gens s’entassaient autour, formant une arène humaine circulaire. Tous attendaient avec impatience le début des hostilités.« Prend en de la graine, Rubis. Se confronter aux connards pour aider un pauvre enfant, c'est comme ça qu'on forme une vrai sorte de puissance ... On appelle ça l'honneur.— Ce qui serait vraiment honorable, ce serait de s'excuser auprès du jeune garçon. Comme l’a dit mon ami, voler un objet à un enfant c’est honteux, mais quoi qu’il en soit, que ferais-tu d’un grappin ? Le revendre pour une poignée de JSS ? A moins que tu te complaises à tyranniser les plus faibles ?La tension était palpable entre le mage et le voleur qui se soutenaient le regard mutuellement. Rubis attendait que l’homme baisse les yeux en signe d’abdication, mais il semblait déterminé. Le mage rouge n’avait absolument pas envie de se mesurer à cette sorte de reptile géant. A choisir, j’aimerais autant admirer la démonstration de force de Veralwynn face à un ordinateur de niveau 9 que contre ce monstre...
Réfléchis bien avant de commettre l’irréparable, parce que si tu as l’intention de te battre, je compte bien être aussi lâche que toi et faire un combat à deux contre un avec mon ami. Il y a déjà beaucoup de gens témoins de ta bassesse, il ne faudrait pas qu’il assistent en plus à une défaite cuisante.
Allez, sois raisonnable, et pars d'ici sans faire de vagues. »
« Bien sûr, ça vaut pas un niveau 9, mais c'est quand même pas mal, non ?– Je dois bien reconnaître que c’était pas mal, je ne suis pas certain de pouvoir en faire autant. Je manque terriblement d’entraînement… mais après, on est bien dans cette partie de l’arène pour s’entraîner, non ? »Ne faisant ni une ni deux, Rubis pianota sur un ordinateur afin de programmer son futur adversaire… de niveau 1. Voilà qui traduit un grand manque de confiance en soi. Un léger bruit de générateur qui se met en route, un petit flash lumineux et hop, l’automate apparut à l’emplacement prévu. Rubis prit place dans la petite arène, face à son adversaire qui commençait déjà à avancer (mais pas trop vite !) et… trébucha sur une peau de banane ! L’automate était déjà K.O.« Quel combat palpitant… un niveau 5 me semble un peu plus adapté pour s’échauffer. »Un flash illumina l’autre bout de l’arène, laissant apparaître non pas un mais deux automates !« Il semblerait que j’aie fait une mauvaise manipulation… Moi et toute la technologie de ce monde, ça fait deux ! »Rubis jaugea ses adversaire qui se précipitaient déjà sur lui : « je ne me sens pas d’humeur à faire du deux contre un… tu ne voudrais pas prendre part au combat Veralwynn ? »
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