Cet homme avait vraiment un flegme à toute épreuve. L'homme moustachu ne se laissait surprendre à aucun moment. C'est ainsi qu'il accéda à la requête du directeur. L'homme au masque entra en premier, mais avant de franchir complètement la porte, il se retourna légèrement et exprima une dernière chose à sa vieille rencontre :
"Maxwell, je sais très bien ce que tu comptes faire juste après, et tu sais très bien ce que je ferai moi à mon tour. Ce n'est que partie remise, mais compte sur moi pour te barrer la route. Que ce soit moi ou bien ceux que tu appelles des pions. Il y a assez de personnes en ce monde qui aimeraient pouvoir se mesurer à toi. C'est en partie pour cela que le Colisée existe, pour former de grands combattants qui viendront supprimer les tricheurs comme toi, les anomalies dans ton genre. Comme ce fut le cas il y a longtemps avec Tabbou. Il existe toujours un remède aux parasites. Quoi qu'il en soit, je te dis à bientôt... peut-être."
Le Directeur fit un revers de cape et franchit alors la salle qu'avait ouverte Mr Borg. Arnold le suivit et n'eut même pas besoin de se courber malgré sa taille car la dimension semblait s'adapter. Le Dandy entra enfin à son tour, lançant un au revoir à l'imitateur. Lorsqu'il ferma la porte, ils se trouvaient dans un pièce particulièrement blanche, mais pas au point d'en perdre la tête au premier coup d’œil.
Le directeur s'assit sur une des chaises, se courba en avant, les coudes sur les genoux et une main soutenant le menton, l'air pensif. Arnold lui ne voulut pas s'asseoir, à vrai dire il était comme ça, pas besoin de confort pour lui, il était bien debout. Il se contentait d'observer la salle et les objets qui s'y trouvaient, des fois il lançait un regard sans expression derrière ses lunettes noire, tantôt envers Mr Borg, tantôt envers son supérieur, sans dire un mot.
Enfin l'homme au masque se redressa après avoir interrompu sa réflexion, puis il tourna son regard vers celui qui les avait hébergé.
"Mister Borg, je suis navré que nous nous rencontrions dans de telles circonstances, mais sachez que je suis enchanté de vous rencontrer. Magnum m'a fait quelques éloges à votre sujet et en effet je dois vous remercier. Vous êtes un homme adapté à ce genre de situations, cela se voit. Ne craignez rien pour votre technique dimensionnelle, Ditto Maxwell n'est de toute façon pas capable de copier une technique sur l'instant quand il utilise déjà une copie d'autre chose. Nous dirons que c'est une faible consolation, mais au moins un point faible notable..."
Puis il ôta une manche et observa une montre très spéciale autour de son poignet droit. Une montre si spéciale qu'elle ne ressemblait plus à ce qui existait d'ordinaire au niveau de son cadran. Quelqu'un de normal qui regarderait n'y verrait que des enchevêtrements de chiffres et de variables en deux dimensions, se superposant, se chevauchant, mais il s'avérait que pour le porteur elle affichait plutôt un relief en profondeur avec des formules encore plus complexe.
Il se mit à rebondir sur une remarque du Dandy faite un peu plus tôt, toujours penché sur son instrument.
"La bonne occasion n'est-ce pas ? C'est dur à dire..."
Il leva ses yeux vers L'agent de sécurité.
"Arnold il me faut un sablier."
"Très bien. Combien de cycles Monsieur ?"
"Un sablier à cinq cycles devrait faire l'affaire."
L'homme imposant fouilla dans une poche et en sorti une boîte de métal qui faisait la taille de sa main, et déjà sa main était assez grande, alors imaginez un peu. Il la tendit au responsable du Colisée qui dû la prendre quant à lui avec deux mains. Au sommet de la boîte se trouvait un cadrant horaire qui formait un creux circulaire au sommet. Le cadrant ne comportait non pas trois aiguilles, mais plutôt cinq. Il tourna chacune d'elle de façon si simple, qu'on aurait dit qu'il avait fait ça tous les jours. Puis il y eu un clic et la boite s'ouvrit. Il leva le couvercle et là se tenait plusieurs sabliers de tailles différentes. Il prit l'un des plus petit puis referma la boîte et la confia de nouveau à son collègue.
"Nous disions donc, la bonne occasion..."
Il tourna le sablier une fois, ce fut suffisant. Dix secondes plus tard, tout le sable était déjà descendu. Par contre ce qui avait changé, c'est que le Directeur avait la cape en partie en lambeaux et un morceau du masque au niveau de sa bouche qui n'était plus là, et une fissure qui s'étendait de la partie manquante vers le sommet du crane.
"Oups..."
"Vous n'en n'êtes pas sortie indemne visiblement."
"En effet, le 1er cycle était trop tôt, mais encore je n'ai pas eu tant de malchance, c'est plutôt quand Mister Borg a ouvert en premier qu'il a tout pris sur lui."
Il se tourna vers le concerné.
"Bien sûr je parle d'une autre ligne temporelle, mais comme toujours vous avez tenu le coup, c'était formidable. Vous aviez eu le réflexe de refermer aussitôt, peut-être l'aviez vous senti. Même si au final une petite partie de l'énergie est passée à travers. Mais qu'importe, ceci ne s'est jamais passé réellement, du moins pour vous. Quant à savoir quand ce sera la bonne occasion, je dirais..."
Il jeta un autre regard à sa montre puis dit :
"Encore cinq minutes."
Puis les cinq minutes passèrent...
"Voila nous pouvons y aller. Cependant je vous préviens, ce n'est pas beau à voir. Même s'il n'y a plus grand chose à voir au final."
Il savait que quand ils sortiraient, un spectacle de désolation sans nom s'offrirait à leurs yeux. Ils sortirent alors, et là le frisson.
L'arène n'était plus, les gradins ne ressemblaient plus à des gradins, le Colisée n'avait plus aucune allure de Colisée, seul un cratère se trouvait là, et à une centaine de mètre de diamètre les premier débris commençaient à se chevaucher. Le Colisée n'était plus, le vent soufflait et un silence de mort régnait. Le paysage du cratère était jonché de silhouettes au sol. Autant de personnes neutralisée et réduite à l'état de simple effigie statique. Certains étaient surement enfouie sous les tonnes et les tonnes de décombres. Même Arnold, avec toute sa vie, n'aurait jamais pu tout remettre en ordre même avec sa force herculéenne.
"C'est épouvantable."
"Oui c'est le mot. Quand quelqu'un utilise le pouvoir de quelqu'un d'autre sans en peser les responsabilités."
"Cette zone non loin du centre d'impact qui est encore debout, serait-ce... ?"
Un peu plus loin, enseveli par la poussière se trouvait une petite salle au milieu de tout ce vide. Elle n'avait pas du tout était détruite.
"C'est l'accès pour cette zone en question oui. C'est là qu'est allé Maxwell. Quand il disait qu'il pouvait déjà obtenir une chose sans mon concours. C'était l'accès à ce lieu. Je m'y attendais."
"Et ne serait-il pas mieux de le rattraper ?"
"Inutile, et puis je ne veux pas savoir ce qu'il se passe là-bas, à l'intérieur. Moins j'en sais, mieux je me porte."
Il frissonna.
"Par contre, je compte bien me préparer et peut-être chercher du renfort dans ce monde."
"Avec un Colisée en si piteux états ? Holalala... et dire que cette pauvre Linda s'est surement faites écraser aussi... je ne préfère pas y penser."
"Arnold, qui a dit qu'on allait laisser le Colisée dans cet état ?"
"Oh ! Oui j'oubliais."
Le directeur se concentra pendant plusieurs secondes puis claqua des doigts. Un immense cercle lumineux d'1 km de diamètre se forma sous leur pied, le cadran de l'horloge apparu et enfin.
Reverso !
Les gigantesques aiguilles tournèrent dans le sens contraire.
C'est alors que le film qui avait eu lieu suite à la grande explosion se rejoua en sens inverse. Les briques, les tiges en ferrailles, les corps inanimés, tout se mit à flotter dans l'air et revenir à leur position initiale. Les gradins se reformèrent et les spectateurs se retrouvaient à leur place. Bien sûr, aucune trace de Maxwell. Pourtant tout était revenu dans l'ordre. Yami se trouvait non loin de là, toujours inanimé.
Après ce grand exploit, le directeur perdit l'équilibre et s'effondra, plongeant une main sur le crane, toutefois Arnold le soutint à temps.
"Je... crois que... hmmm... j'ai fais mon sport... de la journée. Mais il me reste une dernière chose à faire."
Dit-il en prenant appuie sur son employé pour se relever.
"N'en faites pas trop non plus."
"C'est en partie ma faute si Maxwell est revenu, et j'aimerai rétablir l'ordre des choses. Je ne pense pas qu'il soit bon que les gens oublient son visage, ils doivent s'en souvenir, c'est pourquoi je ne modifierai rien à ce niveau. Cependant, il me semble normal de devoir remercier Mister Borg, et selon moi, rien de mieux que le titre de champion."
"Mais Monsieur..."
"Il a tenu tête à Maxwell, je pense que c'est strictement suffisant. N'est-ce pas Mister Borg ?"
"Mais que dira son adversaire ?"
"Yami... oui je le connais un peu. Il n'acceptera sûrement pas une telle raison. Mais soit, s'il faut vraiment que cela se règle par un combat, je pense avoir ma petite idée."
"Je ne demande qu'à voir."
Puis il se tourna vers le Dandy et pour une fois, grâce à son masque en partie brisé, on pouvait apercevoir l'extrait d'un sourire à l'air complice.
"Mister Borg, puis-je vous emprunter la chaussure que vous veniez de lancer plus tôt ?"
Et ce fut l'ultime requête du Directeur.