C'est après avoir mis un terme à sa petite balade dans les plaines qu'Eirina décida de retourner au Colisée afin de se reposer. Rien de passionnant, n'est-ce pas ? Pour être honnête, l'ange s'ennuyait à mourir. Rien de mieux pour passer le temps que de faire la sieste.
La jeune femme avait besoin de découvrir de nouvelles choses, mais avait déjà à peu près tout vu. La plaine, les montagnes, le lac, les ruines, la jungle, le canyon... Elle ne connaissait pas tous ces endroits par cœur, évidemment, mais... Le mot "routine" commençait à lui donner la migraine.
Elle rentra donc au Colisée, salua quelques personnes sur son passage, ouvrit la porte de sa chambre...
Là, au sol... Un papier ? Quelqu'un avait dû le glisser sous la porte. Se posant quelques questions, elle le ramassa et le déplia. Quelle ne fut pas sa surprise, et sa joie immense lorsqu'elle découvrit qu'il s'agissait de sa tendre moitié, l'invitant à le rejoindre en un lieu appelé Parc Pinna, sur l'île Delphino.
Pour une personne en quête de nouveaux lieux à découvrir, c'était plutôt une bonne nouvelle. Une nouvelle qui tombait à pic. Soudainement prise d'une montée d'adrénaline, Eirina retira hâtivement ses gants, armure et bottes, jeta son épée et fourreau sur son lit, conservant tunique, foulard et médaillon, et quitta le Colisée en un coup de vent, après s'être brièvement renseignée sur le lieu de son rendez-vous. Il lui manquait tellement...
Elle courut jusqu'au lac et arriva près d'un étrange personnage, sûrement ce Don Pianta dont lui avait parlé la réceptionniste. Le petit palmier trônant sur sa tête lui arracha un léger sourire. L'ange lui remit donc la somme requise pour accéder à la Place Delphino et tout ce qui va avec, en échange d'un bon, son billet d'entrée. Enfin, elle s'engouffra dans le petit cabanon situé juste derrière Don Pianta, sélectionna sa destination, et fut transportée sur l'île dans un éclat de lumière.
Le soleil brillait intensément, et la chaleur était presque insoutenable. Une légère brise venant de la mer soulevait le foulard écarlate noué à sa taille et offrait un peu de fraicheur. La réceptionniste ne lui avait pas menti : c'était le paradis.
Alors qu'elle observait le paysage, une femme de la même race que Don Pianta lui passa un collier de fleurs autour du cou, tout en lui souhaitant la bienvenue.
« Vous devez être cette femme ailée dont on m'a parlé, lui dit-elle en lui offrant un cocktail non alcoolisé. Permettez-moi de vous indiquer le transport à emprunter afin de rejoindre celui qui vous attend. »
Hochant la tête, la blonde s'exécuta, et suivant les indications de l'hôtesse d'accueil, emprunta un navire-navette menant à l'île sur laquelle se trouvait le fameux parc.
Voyager ainsi en bateau la rendait quelque peu nerveuse... Elle n'aurait sûrement pas à se baigner, mais il fallait bien aller jusqu'au bout. Elle ne pouvait pas se limiter qu'au lac.
Enfin arrivée à destination, la jeune femme se lança à la recherche de son bien-aimé, qu'elle trouva bien vite, tranquillement installé au pied d'un arbre exotique. Un bras fait d'argent, même partiellement couvert, ne passe pas inaperçu dans un lieu ensoleillé tel que celui-ci. Il était assis, les mains derrière la tête et les yeux clos, l'air paisible, sa chemise entièrement déboutonnée... Il faisait chaud, non ? ...
Eirina resta plantée là, à quelques mètres du mage, n'osant s'approcher davantage. Depuis combien de temps l'attendait-il ? S'était-il assoupi ? Elle le regardait comme si c'était la première fois qu'elle le découvrait. Avait-elle aimé à ce point avant de le rencontrer ? ... Impossible. Son cœur battait toujours aussi fort chaque fois qu'elle le voyait.
Trêve de niaiseries. Reprenant ses esprits, l'ange s'approcha enfin de lui, s'agenouilla à ses côtés et déposa un léger baiser sur ses lèvres, sans dire mot.