Yst avait promis à Kota de lui faire visiter le cross-univers quand il aurait du temps de libre, car le tournoi était proche à l’instant où ils s’étaient séparés.

Maintenant que le tournoi était terminé, et que Kota avait récupéré de ses blessures ils s’étaient rejoints à la sortie du colisée et étaient prêts à partir, après avoir fini leurs préparatifs, ils se dirigèrent vers le canyon, un endroit aussi impression que dangereux pour quelqu’un qui ne sait pas voler de nature…

Après de longues heures de marches, Kota pu enfin observer de ses propres yeux ce qu’il en retournait, le canyon s’étendait à perte de vue, et était, de loin, supérieur à ceux d’Ylisse et Regna Ferox, ceux de leur monde d’origine, Kota pensait que la tristesse qu’il éprouvât d’être séparé de sa famille allait diminuer avec le temps, mais ce n’en était pas le cas, au contraire, il lui tardait de pouvoir les serrer de nouveau dans ses bras, si cela serait possible un jour.

L’endroit était désert, il n’y avait pas âme qui vive, la seule activité que l’on pouvait noter était celle du vent s’engouffrant dans les cavités rocheuses, mais cela allait particulièrement bien à l’endroit. Le soleil faiblissait face à l’astre lunaire, et la température diminuait à vue d’œil, il était peut-être temps de dresser les tentes.

« Dis Yst… Et si on commençait à s’installer notre campement, il commence à faire nuit, ce n’est sûrement pas prudent de s’aventurer plus loin si l’on ne voit plus où l’on met les pieds… »

N’attendant pas la réponse de son guide, Kota se hâta d’enlever son sac à dos afin d’en extirper le bout de tissus qui allait servir de toiture à sa modeste habitation, puis sorti à leur tour les piquets de la tente de fortune, et se mis à la monter.

* C'est plus difficile qu'il n'y paraît... J'espère juste que le tissu ne se déchirera pas dans la nuit...*

Une fois cet épisode surmonté, et la nuit régnant désormais sur le canyon, accompagné d’une légère teinte de fraicheur, il alla voir son compagnon.

« Tu es souvent venu dans cet endroit ? Tu as l’air d’assez bien le connaître, alors je me permets de te poser la question, si elle n’est pas trop indiscrète bien sûr ? »

* Il a dû vivre une bonne aventure dans cet endroit *

Kota s’assit à côté de son compère Ylissien, le vide qu’y se dévoilait à l’infini devant leurs ses yeux ne lui faisait pas peur, il avait passé suffisamment de temps sur le dos d’Ebène pour s’y habituer.

« C’est étrange, j’ai l’impression que ma vie ne peut pas continuer bien longtemps sans ma famille, ils représentaient tout pour moi, pourtant, quand je suis avec toi, alors qu’on ne se connaîssait pas encore il y’a quelque lune de cela, je me sens à l’aise, c’est sûrement dû au faitque tu es toi aussi Ylissien, mais cela m’aide énormément pour passer cette phase… difficile… »

Le chevaucheur de pégase avait la voix empreinte de mélancolie à l’évocation de son ancien lui, de la part de lui-même qu’il avait laissé aux côtés de sa femme et de ses enfants, juste avant de partir accomplir sa vengeance.

Une larme perla à son œil droit, mais il l’essuya maladroitement avec son bras gauche, son ami l’avait sûrement vu.

« Euh… Ce n’est rien, ne t’en fais pas, autre chose me chagrine… Tu te souviens de notre première rencontre ? Je ne suis pas sûr de ce qu’il en retournait, mais je pense pouvoir affirmer une chose, cette… chose… n’était pas moi, sûrement quelque chose de maléfique présente dans le livre, ou alors… peut-être est-ce la corruption lié aux arts sombres… Quoi qu’il en soit, si cela arrive… » Kota se leva et fixa Yst d’un regard déterminé « Si cela arrive à nouveau, et si ta vie, ou si la vie d’autrui est en danger, s’il-te-plaît, je te le demande en ce jour… tue-moi ! »

Il se stoppa un instant, respira un grand coup, leva les yeux aux cieux, et leurs murmura « Je suis déjà responsable de bien trop de mort… » Il ajouta alors à son compagnon qui l’avait peut-être entendu murmurer « Bien sûr, cela sera la solution de dernier recours, mais on sait jamais, alors autant de demander de prendre cette responsabilité dès maintenant, si tu t’en sens capable. »

Kota était sérieux, il ne voulait pas que quelqu’un d’autre meurt par sa faute, les vies qu’il avait prises juste avant de passer le portail lui causait déjà assez de trouble moraux, car ses personnes avaient une famille, et peut-être même une femme et des enfants…

Kota fût propulsé au sol par le puissant coup de pied tourné d’Yst, il resta sur ses fesses, endolories par le choc, et l’écoutât parler, puis il le vit enlever son manteau et sa cotte de maille.

* Que… *

Son compagnon alla plus vite que le fil de sa pensée, et lui montra quelque chose à laquelle il ne s’attendait pas, une cicatrice, qui dominait son torse de par sa longueur, * Il a dû se passer quelque chose de vraiment grave, comme pour la mienne… *, suite à cela, il lui raconta ce qu’il avait perdu, son village avait, lui aussi brûlé…

* Ça devient une habitude en Ylisse ces derniers temps… *

Il lui expliqua également que la folie avait pris possession de son corps un instant, lors du moment d’accalmie de la victoire, cela rappela à Kota les derniers moments de sa vie en Ylisse, et de… l’autre, celui qui ne devait plus jamais ressortir, ce pour quoi il était prêt à donner sa vie il y’a encore quelques encore quelques secondes.

Son ami s’approcha de lui, et l’attrapa par le col, ce qui souleva légèrement Kota, afin de lui décocher un beau direct du droit, mais sûrement en modérant sa force, car sinon, il aurait sûrement été plus que sonné. Les fesses de nouveau endolories, à croire qu’il le faisait exprès, il écouta de nouveau son compagnon, ce qu’il dit le toucha, ils se connaissaient de peu de temps, et il avait déjà la ferme intention de tout faire pour le ramener à la raison, il se sentit soudain vraiment idiot de ne pas avoir compris cela plus tôt.

Après sa tirade, Yst alla au bord du précipice, ses pieds semblaient comme entraîné par le néant qui se profilait a perte de vue, à cette vue, Kota voulut se lever et le tirer vers la terre ferme, mais son corps refusait de bouger, comme si il était en conflit avec le fil de ses pensées, il comprit alors qu’il se devait de clarifier les choses.

«  Tu sais Yst… »

Il se tût, il regarda le fier épéiste au bord du gouffre, et se demanda si cela ne représentait pas également son état, entre deux mondes, car depuis qu’il était arrivé ici, il n’avait pas arrêté de penser à son monde, et cela le faisait sombrer peu à peu dans une espèce de dépression qui n’allait pas partir si facilement…, il baissa alors la tête, il avait une mine abattue, ses cheveux couvrant ses yeux qui semblaient regarder le sol.

« Désolé, je ne pensais pas que je pouvais te causer autant de tort, je ne pensais pas qu’il y’avait des personnes comme toi dans ce monde, je te jure tout faire pour ne pas sombrer de nouveau, et même si cela devait arriver, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour revenir de ces ténèbres, tout en sachant que quelqu’un se bat pour me libérer de l’autre côté, Yst, je te suis reconnaissant, j’aurais dû te comprendre plus tôt, alors, pour ça, je suis vraiment déso… »

Il s’arrêta, son ami n’allait peut-être pas apprécier qu’il s’excuse encore, il voudrait sûrement des actes plutôt que des paroles. Il réussit à se lever à grand peine, et ôta son large manteau rapiécé, ainsi que tout ce qui recouvrait son torse, puis se tourne en direction d’Yst, en lui exposant sa cicatrice.

« Ce « souvenirs » comme tu l'appelle, m’a été fait pendant que je sortais les corps de mes parents, à peine morts, de l’enfer de flamme qu’était devenu notre maison… Cette cicatrice me rappelle ma détermination, mais également les cris de mes parents, en train de brûler, mais surtout le visage de la jeune fille que nous avons enterrés, qui était la meneuse du groupe de mages noires et de bandits qui m’ont pris ce que j’avais de plus cher. » Les yeux de Kota exprimaient à eux seuls, toute la haine qu’il éprouvait envers ses anciens adversaires, heureusement que son compagnon le pouvait les voir, il se tourna vers son compagnon «… Cependant, elle me rappelle également que j’ai pu reconstruire mon monde, sans mes parents. Et avoir une famille, la seule chose qui me raccrochait au monde… »

Devinant que son ami allait encore lui faire un reproche amical, il enchaîna directement.
« Alors merci, merci d’être là, en ce monde, afin de pouvoir me montrer quoi faire, et de faire en sorte que, même sans le vouloir, je puisse avoir encore ne serait-ce qu’une chose à laquelle m’accrocher. »

Kota termina sa phrase en souriant, ragaillardi par cette bonne discussion, qui avait lui avait permis de se soulager d’un poids qui le submergeait, il s’approcha alors de lui, et lui tendit la main, d’un air ferme et déterminé.

« Je pense que tu comprends ce que cela signifie ?... Je ne reviendrais pas sur ce que j’ai dit, car je le considère comme acquis, et je t’accorde ma confiance, aussi aveugle puisse-t-elle être. Que nos jours soient glorieux, et puissions nous nous entendre pendant un longs moments»

Le chevalier tomba en arrière dans le vide, il tendait les bras vers son compagnon.

« Yst, qu’est-ce que…!? »

Le chevalier pégase s’élança mais il se demanda si son compagnon mettait dans son geste toute la détermination d’un homme sur le point de mourir d’une mort… fracassante. Il aperçut alors son grand sourire, qui pouvait signifier deux choses, à savoir soit qu’il savait ce qu’il faisait, soit… qu’il était fou. Il tentât d’attraper sa main, en vain, il s’apprêtait alors à sauter dans la bouche béante, la main portée sur la poignée de son épée, Blackfang, mais il s’arrêtât soudain. Il se mordilla la lèvre inférieure droite à sang, avant de répliquer à Yst.

« Je t’ai accordé ma confiance il y’a à peine 5 minutes, ce n’est pas pour te la reprendre maintenant, alors fait ce que tu as en tête, espèce d’Ylissien suicidaire ! »

Il prononça les derniers mots sur un ton joueur, afin de montrer qu’il n’était pas en colère. Sa voix avait résonnée dans le creux béant, ainsi que dans une bonne partie du canyon, il était maintenant trop tard pour le sauver. Kota espérait ardemment qu’il s’était jeté dans le vide en ayant une idée de secours, car il ne pourrait supporter de voir une personne à laquelle il venait à peine d’accorder pleinement sa confiance, mourir devant ses yeux.

* Si c’était une blague, il risque de m’entendre ce Plégien déguisé en Ylissien !*

Kota était subjugué par ce qu’il avait vu, Yst avait usé de ses techniques pour voler, ou plutôt planer, prendre de l’altitude, et enfin, se ramener sur le côté du précipice, comme si de rien n’était, cependant, il n’était pas calmé pour autant.

Il s’approchait vers lui d’une démarche lourde mais silencieuse, les cheveux devant les yeux, pour ne pas montrer à son compagnon son mécontentement avant de lui remonter les bretelles. Arrivé à a peine 1 mètre de son camarade couché sur le sol, il lui fit la morale avec une légère touche de malice.

« Yst ! C’était quoi ça ?! Tu me dis de ne pas mourir, et après, tu joues les suicidaires ?! Nan mais, je vous jure, heureusement que tu savais EXACTEMENT ce que tu faisais, et que j’avais entièrement confiance en toi, parce que je ne sais pas si tu aurais pu nous remonter tous les deux… »

S’arrêtant pour reprendre son souffle, il en profita  il ajouta :

« A part ça, qui était plus pour la formalité, c’était quoi cet enchaînement de sorts, on aurait dit le sort tempête, c’est bien ça ? Et cette combinaison, c’était quoi ? Et cette chaîne, c’est un nouveau type de tome ? Je ne l’avais jamais vu auparavant… Stop !! J’arrête mes questions, désolé mais, je suis curieux, et quand je vois quelque chose comme ÇA, je ne peux m’empêcher de poser des questions »

Il ne pouvait s’empêcher de poser tant de questions, car il était de nature curieuse, et ce qu’il venait de voir était on ne peut plus étrange et peu conventionnel.

« Uhm Uhm… A part ça, tu vas bien ? Tu as l’air d’être vidé de toutes tes forces après ton envolée… »

* Qu’elle était donc cette chaîne qu’il a sorti à la fin de son mouvement ? *