Il est… mort. Vilana se recroquevilla sur elle même, les larmes naissantes. Sa liberté… elle l’enviait tellement. Elle l’avait réellement aimé, son père, en vérité. Elle ne lui avait jamais dit.
Pour autant, la peine qui commençait à s’immiscer en elle n’était pas simplement la peine de ceux que l’on perd, ou la peine des regrets. C’était un mal autrement plus concret.
Dans ses oreilles résonnait encore le craquement sourd du plafond du laboratoire sur le point de céder, ou s’écroulant - mais pour un instant, qui paru durer des minutes, elle avait eu cette sensation de flotter, dans la sécurité réconfortante d’un espace vide et silencieux. Mais ce sentiment s’en était allé, et lui fait place la conscience d’un environnement étranger. Sa gorge se serre, sa respiration est plus marquée. Etendue au sol, elle cherche à se redresser, prenant appui sur ses bras, mais ils semblent lui faire défaut alors qu’elle retombe au sol. L’air a quelque chose de différent ; yeux clos, elle sent un sol poussiéreux et rocheux, quoiqu’elle sente sous sa main droite passer un peu d’herbe.
En… extérieur ? se dit-elle alors que ses poumons lui laissent la désagréable impression de brûler, et ses entrailles celle de vouloir fuir son corps.
Vilana doit pourtant forcer sur elle et ouvrir les yeux. Il faut qu’elle le sache, où elle est, ce qu’il est advenu du laboratoire et des siens. Combien de temps était-elle restée inconsciente ?
Les Fils ont-ils attaqué ? Il faut qu’elle prenne la mesure de la situation. Elle entrouvre un oeil, presqu’immédiatement aveuglée par une lumière cinglante.
Respire… respire… - tandis que la faille qui l’avait crachée là disparaît dans un ciel dégagé, la jeune femme se redresse enfin pour s’adosser à un amas rocheux. S’habituant à la luminosité du lieu, elle ouvre péniblement les yeux, et ne peut retenir une expression décontenancée devant ce qui l’attend.
A quelques mètres d’elle, le sol se dérobe en une pente raide, et elle peut distinguer au loin la masse verdoyante d’une imposante forêt, puis les éclats du soleil se reflétant sur une mer infinie. Un panorama si grand, si imposant, mais si vide de civilisation qu’il est tel qu’elle n’en eut jamais vu de pareil. Il n’y a là aucun laboratoire, aucune scène de sanglante bataille, mais simplement un vaste lieu silencieux, si ce n’est pour le bruit du vent se perdant dans les branches de quelques arbres épars, ou le chant d’oiseaux solitaires dans le ciel. Sa peine paraît s’estomper alors qu’elle se laisse aspirer dans sa contemplation, mais son regard finit par être attiré par le fortin en contrebas, qu’elle n’aperçoit que partiellement. La main droite sur la garde de sa lame, sur la défensive, elle entreprends de descendre. Son dos, ayant accusé le coup de sa courte chute au sortir de la faille, la lance légèrement, et son souffle est encore court, mais elle peut tout de même se mouvoir raisonnablement. Méfiante, sur ses gardes désormais, Vilana prend sur elle de progresser.