Enfant, on disait de Rubis qu’il était discret. « Quel enfant sage, ses parents en avaient de la chance ! » disait-on en le voyant. En grandissant, on disait plutôt de lui qu’il était effacé, qu’il manquait de confiance en lui, qu’il se refermait sur lui-même. C’est à peine si on le remarquait. Frêle, il n’ait pas sportif pour deux sous, et était la risée de ses camarades. Il faut dire qu’en ce temps là, il faisait bon être bien bâti, les jeunes garçons rêvaient de devenir de robustes guerriers au servie de leur patrie.
Très vite, Rubis abandonna l’école pour suivre ses parents au cours de leurs voyages. Le caractère déjà solitaire de Rubis n’allait pas en s’arrangeant: il s’isolait pour étudier assidument et développait, avec les années, une forte affinité à la magie.
Ses parents lui disaient qu’il n’avait pas besoin de travailler si dur, et ils n’avaient pas tort: à quoi bon se tuer à la tâche alors qu’il finirait vagabond comme ses parents. Mais Rubis trouvait du réconfort dans ses grimoires et ses formules magiques. Et puis, à défaut d’avoir de la force, pourquoi ne pas apprendre à se défendre autrement qu’avec une épée ? Avec les temps qui couraient, il fallait bien ça.
Mais Rubis n’était pas seulement discret, ni même effacé, il était faible. Voilà l’image de lui-même qu’il renvoyait, et il le savait. Mais un jour tout bascula, on gardera ce récit pour le prochain épisode, mais ce qu’il faut retenir, c’est que le déclic eut lieu.
Dès lors, Rubis s’efforça de changer. Le jeune garçon fragile et invisible laissa place à un homme courageux, sûr de lui… peut-être un peu trop…
« Vous devriez peut-être songer à vous exercer à autre chose non ?
Je… »
Pour la première fois depuis longtemps, Rubis fit tomber le masque. Il baissa la tête: ses faiblesses du passé refit surface.
« Je sais que je ne suis pas le mage que je prétends être. Je ne comprends pas ce que je fais là. Pourquoi c’est moi qu’on a envoyé ici et pas un autre ? J’étais le dernier à pouvoir remplir cette mission… Maître Minwu, pardonnez-moi… »
A cet instant, Rubis releva la tête, une lueur brilla au fond de son regard: il se ressaisit. « Je veux que vous soyez fier de moi, Maître. »
Rubis se tourna vers la jeune fille:
« Vous avez raison, mademoiselle. Si je ne suis pas fait pour la maîtrise du feu, alors je dois me dédier à autre chose. Il y'a une liste pléthorique de sorts dans ce grimoire qui ne demandent qu’à être maîtrisés. Si je n’arrive pas faire jaillir des flammes avec mon mana, alors peut-être que je peux… »
Le mage rouge feuilleta son grimoire et s’arrêta sur une page au hasard et pointa du doigt une formule magique aléatoire, et c’est avec son assurance naturelle qu’on lui connait si bien qu’il s’écria:
« … maîtriser Bouclier ! »