Jour 2Après s'être inscrit au tournoi la veille, Aska avait passé le reste de sa journée à se familiariser avec le Colisée.
D'ordinaire, il lui fallait marcher six pas pour pouvoir équivaloir un pas humain, mais il avait volontiers troqué sa situation au sol pour gagner les airs.
Il traversa le Hall d'entrée à toute hâte, se remémorant sa rencontre avec Capac, un guerrier échidné qu'il avait malencontreusement confondu avec Knuckles. Un regard rapide vers la file à l'entrée, avant de passer à autre chose.
Il bifurqua vers un corridor un peu étroit qui menait au réfectoire. Le réfectoire, en revanche, était une large pièce aux murs vitrés, où se filtrait la lumière sur les diverses tables qui accueillaient les combattants affamés. Aska atterrit quelques minutes, tournant sur lui-même, repérant un restaurant intérieur à l'ambiance sobre d'un côté, et un buffet de plusieurs allées de l'autre. C'est vers ce-dernier qu'il se dirigea en sautillant, repéra un bac à fruits frais, en choisit quelques uns qu'il mit sous son bras et regagna les airs, pour aller se poser sur une poutre du plafond et manger en paix.
Son repas terminé, il étira ses bras et porta sa main devant sa bouche pour couvrir un bâillement. Ses yeux repérèrent une porte de l'autre côté du Réfectoire, qui devait sans doute mener vers un autre corridor. Aska défléchit ses courtes jambes et entrouvrit ses ailes pour les dégourdir un peu, avant de les déployer et reprendre son exploration.
En sortant du réfectoire, il se laissa planer le long des fenêtres qui éclairaient le corridor qui menait aux dortoirs, et, tout au bout, à l'infirmerie. En tournant la tête, on pouvait voir au travers des fenêtres le cœur du Colisée, où se trouvait l'Arène, encerclée par les assises. À cette vision, Aska déglutit : bien que l'arène était déserte - l'équipe administrative était encore en plein préparatifs - ceci signifiait que n'importe qui irait voir le tournoi. Et la perspective d'être regardé par des centaines, voire, des milliers d'individus donna un coup à ses airs bravaches.
En s'empressant de détourner la tête, cherchant à occuper son esprit à autre chose, son regard se posa soudain vers une aspérité dans le mur qui menait à des escaliers. Aska s'en approcha de timides battements d'ailes, penchant sa tête afin de voir où les escaliers débouchaient... en vain. Il eut un frisson: devait-il poursuivre son exploration ou s'arrêter pour aujourd'hui ?
Il se posa au sol, se grattant l'arrière de la tête. Mieux valait se reposer pour le reste de la soirée. Il irait demain matin, à la première heure.
Ceci fait, il se dirigea docilement vers les dortoirs, avant d'hésiter. Loin d'être confortable à l'idée de dormir auprès de potentiels adversaires, Aska ouvrit la fenêtre et s'envola, se posant dans un creux dans la structure du Colisée, à l'abri du froid et des intempéries. il se recroquevilla sur lui-même, se couvrit de ses ailes et s'endormit, au chaud.. . .
Le matin venu, plus exactement lorsque les premiers rayons du soleil se réfléchirent sur la cuirasse métallique du Colisée de fer, Aska fut tiré hors de son sommeil avec une seule intention en tête: celle d'aller voir ce qui se trouvait tout au bout des escaliers.
Il quitta son nid de fortune pour entrer de nouveau par la fenêtre, la même qui se trouvait tout près des dortoirs, et fut pris d'une nouvelle hésitation, décrivant des cercles dans les airs. Sa curiosité eut vite raison sur sa méfiance, et il se posa au sol, préférant affronter les escaliers en marchant. Comme elles avaient été faites pour accueillir des formes humanoïdes, il dut sauter en bas de chaque marche, à défaut de partager la même longueur de jambes. Il s'engouffra dans l'obscurité du sous-sol.
La dernière marche avait un écart si grand avec le plancher qu'Aska dut s'agripper à son rebord pour pouvoir effleurer le sol du bout de son pied. Un écart insignifiant pour un humanoïde, mais important pour une créature haute de 30 centimètres. L'escalier débouchait sur une sorte de tunnel - normal, lorsqu'on est sous-terre - débouchant sur une gigantesque porte nacrée.
Si Veral l'avait trouvé Gigantesque, Aska, lui, eut un mouvement de recul en s'en approchant. Il eut l'impression qu'elle imposait le même sentiment d'importance que le Colisée lui-même, à son premier jour.
Aska prit un instant pour l'admirer ses détails. Jamais il n'avait vu autant de finitions sur quelque chose d'aussi désuet qu'une porte. Même la porte des Courses Chao n'avait pas le droit à une telle minutie dans ses détails. Mais cet instant solennel fut bafoué par des cris étouffés qui provenaient de l'autre côté.
Aska sentit son sang (figuratif) se glacer. Plus encore lorsqu'il entendit une sorte de capharnaüm ponctuer les voix derrière. Alors qu'il s'apprêtait à faire marche arrière, son poing s'était serré lorsque ses yeux repérèrent l'infime petit interstice entre les deux portes.
Il constata que les portes n'étaient pas bien fermées, et qu'un petit trou, disons, assez grand pour qu'un chao aux ailes repliées s'y glisse, laissait filtrer un puits de lumière artificielle.
Sa curiosité, mêlée à son affolement, eurent raison sur sa prudence. Aska s'infiltra sans préambule dans le Panthéon, témoin d'une sorte de bataille entre un roc tout de bleu vêtu et un ... ange ?« Décidément, il n’y a que des anges dans ce monde… »Du coin de l’œil, Aska crut entrapercevoir la forme de Sonic, mais plutôt que de vivre un nouveau malaise - comme celui avec Capac - son attention s'était plutôt tournée vers les deux troubles-fête, et sa sphère de ponctuation avait pris la forme d'un point d'exclamation.- Q-qu'est-ce que vous faites !! se manifesta-t-il alors, déployant grandes ailes pour se faire remarquer.Sa sphère prit brièvement la forme d'une tornade : c'était évident qu'ils se battaient. Il secoua sa tête, se reprenant:- J'veux dire, qu'est-ce que vous faites à vous battre !Nouvelle tornade. C'était évident que tout deux n'avaient pas l'air de se respecter. Aska se reprit à nouveau, le ton plus exaspéré que paniqué:- ... J'veux dire, qu'est-ce que vous faites à vous battre, ici.
Sa tentative de pacifier les combattants fut un cuisant échec, car à peine ils avisèrent sa présence au loin qu'il fut ignoré complètement ensuite. Enfin, pas complètement. Après que le plus grand des deux fut immobilisé dans une couche de glace, l'ange s'approcha de lui, comme pour l'accueillir dans son arène de fortune. Pas besoin d'être un génie pour savoir que tapis rouge + hall de statues de granite = probablement un endroit sacré.« Tu m'as bien l'air d'être une créature a Palutena, ses larbins, comme on l'appelle chez nous ... Je me trompe ? Aska plissa les yeux d'incompréhension.C'est alors que le bruit d'un éclat de verre se fit entendre : le géant de pierre venait d'éclore (?) de son œuf de glace. Aska le vit du coin de l’œil.
— Quewa. »« Tu es vraiment très fort, petit ... Mais pas assez pour un vétéran comme moi !!! »À lui de se rouler en boule comme un Sonic de pierre géant et se propulser à toute vitesse vers... Mais c'est qu'il se dirigeait vers eux ! À peine L'ange tenta de lui dire de s'ôter du chemin qu'Aska avait déjà déployé ses ailes afin de s'arracher du sol d'un brusque écart, évitant de justesse le hérisson (?) de pierre (?) sorti d'un oeuf (?).« Fort, le vieux ... »Aska battit des ailes afin de se maintenir en suspend dans les airs, dévisageant les deux hurluberlus au sol.« J'ai bien aimé ta performance, petit, je vais rien dire. Mais je pense que les caméras ont déjà tout vu ... »Les caméras? Aska suivit de la tête le regard de Veralwynn, et tout deux repérèrent le petit dispositif dans le coin du plafond. La lentille de l'objectif luisit, comme pour appuyer les paroles du garde tout de bleu vêtu - encore une fois, comme Sonic.
Aska alla se poser non-loin, rendu muet par la bizarrerie de la suite des événements, cherchant ses repères.« Alors, mon petit, tu as perdu ton chemin. Tu fais quoi, ici tout seul ? »Ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase.
« Mais c'est quoi cette manie de me prendre pour un enfant ! il rétorqua en montrant les dents, un peu comme un chien qui retroussait ses babines. Il souffla de l'air entre ses dents serrées, fermant ses yeux le temps de pousser un soupir.« Je découvrais le Colisée, c'est tout. J'ai entendu des cris et je suis venu voir. Sa paupière tiqua. Et puis dites-donc, c'est quoi ce reproche?! Si vous voulez pas vous retrouver avec des touristes dans vos sous-sols secrets vous avez qu'à mettre une pancarte, hein !! »
« Désolé, j'appelle "petit" tout ce qui ont moins d'années que moi derrière eux, et tu n'as pas l'air d'avoir plus de 200 ans ... »Aska hoqueta. D-deux cent-- ?!« Et c'est un endroit public, rassure toi, mais c'est rare de voir des gens qui viennent visiter le Panthéon ! »Éberlué, le chao referma sa bouche et déglutit, contemplant les calculs qui se mélangeaient dans sa tête. En moyenne, la durée de vie d'un chao était de cinq ans. Ceux qui ne disparaissaient pas se réincarnaient. Aska avait sept ans : cinq ans de sa première vie, plus, deux de la nouvelle. Lighty, son aïeul, un chao devenu chaos éternel, n'était pas plus âgé que de vingt-six ans. Certes son cas était un peu unique devenu éternel à sa troisième vie, mais il s'agissait de l'ancien du jardin ! Et ce titan de pierre disait avoir deux-cent ans !? S'il était âgé de deux-cent ans, ceci signifiait qu'il avait du vivre au moins, trois, cinq... au moins quarante vies !!
Minute papillon, mais ne venait-il pas tout juste d'éclore de son œuf ? Aska porta la main à sa tête, taisant ses interrogations. Ne pas oublier la théorie de Capac : chaque individu ici venait d'un autre mort-- monde. Ils venaient d'un autre monde. Ou, en d'autres mots, les règles qui régissaient le sien n'étaient peut-être pas les mêmes ailleurs. Difficile d'ouvrir son esprit encré dans ses manières à une dizaine, une centaine, voire à une infinité de nouvelles cultures et de nouveaux concepts.
Aska se sentit soudain écrasé par le poids de son ignorance.« Quoique, je préfère ne voir personne que de voir des gens comme lui. »Comme lui ? Ce lui en question, c'était l'ange, qui semblait être incapable de se tenir debout. Aska, plissa les paupières, incrédule. Pourquoi ne s'aidait-il pas de ses ailes ? Au moins, le Sonic de Pierre jugea bon d'aller l'aider ( même s'il était probablement responsable de ses blessures, en y repensant...) avant de leur donner un bref cours d'histoire quant à la pièce où ils se trouvaient:« Vous voyez, mes petits, cet endroit sacré se nomme le Panthéon. » Alors c'était ça, un Panthéon ? Juste un alignement de statues dans une salle en silence ?La sphère d'Aska prit la forme d'un point d'exclamation, à la pensée que lui aussi, pourrait être gratifié d'une statue. Pour le coup, la leçon d'histoire lui sembla moins ennuyante.
« On y expose des statues a l'effigie de tout les grands combattants d'avant, et bientôt des combattants futurs. Peut-être qu'un jour, vous aurez aussi l'occasion de voir votre image représenté dans ce lieu ... »« Je suis sûr que vous en reconnaîtrez certains. Par exemple, avant de venir dans ce monde, je connaissais un grand roi des ténèbres nommé Ganondorf, de ma vie là-bas, il a tenté deux fois sans succès de prendre le contrôle du monde, mais Link l'arrêtait toujours, c'était un grand héros. »"Ganondorf" ? "Link" ? "Palutena" ? Décidément, le poids de son ignorance ne faisait que s'accroître.
L'ange de se manifester:
« Et c'est normal que cette flemmarde de Palutena soit là ?! »
— Bien sûr, elle a aussi participé et gagner beaucoup de tournois !! »
— Elle est capable de faire autre chose que boire le thé ?!!!« Laisse tomber ... Et toi, la créature, tu reconnais quelqu'un ?Il fit mine de réfléchir, faisant glisser son regard de statue en statue. Il grinça les dents en voyant ce qui semblait être... des flickies ? De bêtes flickies avaient eu droit à leur propre statue ?! Il leur ferma les yeux, cherchant à cacher l'envie de son regard, alors que sa queue derrière s'était mise à battre l'air, visiblement énervé.
Aska se sentit piqué au vif, fusillant du regard le Sonic de Pierre,
— C'est Aska, pas créature. »« Je ne sais pas, je n'ai pas l'impression de... ses yeux s'étaient ouverts au hasard, et s'étaient hasardés plus à droite, où son regard reconnut les traits d'un certain hérisson bleu. Reconnaître... quel-- qu'un... »Il se tut, partagé entre la confusion et un sentiment d'outrance, qui lui fit serrer les dents. Sonic, un héros? Sonic n'était pas un héros. Sonic était un lâche, comme tout le reste. Il tourna la tête vers l'ange. Lui aussi, avait eu la même réaction en voyant une statue. Alors c'était ça? Ce Colisée couronnait même les lâches ? Il eut une brève, très brève pensée pour le fier à bras qui avait cherché à l'intimider, à son premier jour dans le Colisée, et réprima un frisson de dégoût : seul les plus forts pouvaient faire partie des meilleurs. La vertu n'avait rien à voir là-dedans.
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