Le combat venait tout juste de commencer, mais pourtant se tenait là un troisième individu. Sa présence jusque-là n’avait pas été repérée, ni par les sens les plus aiguisés ni par tout autre pouvoir mystique, car ce personnage n’était pas, en tant que tel. Il était le vaisseau, il en faisait partie sans en être sa totalité, juste partiellement. Tel un parasite, il s’était mêlé à une partie de la coque. Lentement il fit son apparition, tout d’abord prenant la forme d’un appendice au sommet de la grande tour de guet centrale, un morceau de ferraille qui s’allongeait un peu plus pour atteindre la taille d’un homme. Ensuite la forme se complexifia, laissant apparaître des bras, puis des jambes, une tête. La couche métallique se délita pour laisser place à une couleur beige, couleur de peau, puis un tissu blanc qui le recouvrait.
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Des cheveux clairs, mi long et coiffés en arrière, révélait tout son visage empreint de malice. Un sourire en coin. Sa face était recouverte entièrement d’une peinture blanche et une larme rouge sang était dessinée en dessous de son œil gauche. Une aura mystérieuse planait au-dessus de sa présence. Il leva les bras au ciel et fit un sourire un peu plus prononcé, mais toujours fermé. Ses yeux restaient peu expressif pourtant.
« Nous y sommes ! Quel meilleur moment pour apparaître que lors d’une finale de grande compétition ! Quel meilleur moyen que de jauger la force de ce monde autrement qu’en affrontant les plus méritant ! »Il pointe ses doigts vers le ciel et regarde en l’air.
« Je n’ai plus besoin d’être discret à présent. Je sais que tu m’entends le masqué. Regarde-moi ! Regarde ce qu’est devenu celui que tu as perdu de vue ! Regarde ce que vont devenir tes petits protégés. Regarde-moi juste… détruire ton coffre à jouets ! »Il regarda de nouveau vers le bas, croisant les bras. Son sourire se dissipa.
« Mon éveil complet aura été long. Combien de temps s’est-il passé depuis la dernière fois, je l’ignore. Le monde lui n’a pourtant que très peu changé, tandis qu’au plus près de moi pourtant je vois des individus toujours aussi propice à la rêverie. Quelle est cette génération ? Que sont devenues les puissances de jadis ? Qui est assez méritant pour gouverner ce monde ? Voici là pourtant un lot important de pions, de personnes si peu importantes, bien qu’il doive exister des gens qui se démarquent ? Qui pour les guider ? Qui pour les soumettre ? Serait-ce toi le masqué ? Ne me fait pas rire. Ce monde a-t ’il toujours un intérêt quelconque ? »Il se met à présent accroupi, les bras reposant sur ses genoux, ses mains jointes. Il observe de très haut les deux concurrents.
« Si je n’ai qu’un seul moyen de te faire sortir de ton petit confort, alors il va falloir que je mette un petit coup de pied dans ton château de sable pourtant si ardemment construit. Vas-tu enfin voir les choses en face, toi qui te fais nommer Directeur ? Ho… ce titre est touchant, mais combien de monde as-tu déjà asservi même sans le savoir ? Pourquoi n’irais-tu pas toi-même enrayer les menaces qui pèsent sur ce monde ? Regarde donc ce que je fais de tes soldats de plombs. »Il se remet debout, se retourne dos au vide puis commence à basculer en arrière, entreprenant un saut de l’ange magistral. Puis il se retourne avec une aisance incroyable pour avoir de nouveau le visage face à la surface. Ses déplacements son souple et il glisse dans l’air à la vitesse d’un aigle. Lorsque le vaisseau disparaît de sous lui, il fonce en piqué, passe dessous et va de l’autre côté, puis vers l’arrière du vaisseau. Pendant ce vol majestueux, son apparence changea quelque peu, c’est comme s’il s’était fondu dans le décor, et on ne voyait que légèrement une silhouette se déplacer dans l’air, à la fois transparente mais dont on distinguait toujours les lignes principales.
Le courant d’air se déplaça à l’arrière des réacteurs et à ce moment un autre phénomène se produisit. Le corps de l’individu mystérieux se modifia de nouveau et se changea en flamme de la même couleur et de la même température que celles des réacteur. La langue de feu traversa Yami puis resta à proximité de lui. Un bras attrapa le cou de l’empereur obscur, tandis qu’un autre frappa violemment son diaphragme. La torche se changea ensuite en tornade de feu qui remonta jusqu’à la surface du vaisseau tel un serpent, emportant avec lui le corps de Yami comme s’il se trouvait dans sa gueule. L’apparition s’éleva encore une dizaine de mètres au-dessus de la surface de l’appareil puis changea de trajectoire. Elle se courba complètement pour faire à présent face au sol et revenir en piqué. Le corps de Yami toujours emprisonné plongea abruptement et vint frapper contre le métal. Le reste du serpent de feu s’effondra sur lui-même et lorsque tout fut emmagasiné, une explosion survint, projetant non pas le corps vivant de Yami, mais son effigie inerte, qui rebondit sur une bonne distance, provoquant un sacré vacarme et termina sa route à quelques mètres de Mister Borg.
Pendant ce temps, la fumée qui s’était élevée suite à l’explosion commençait à se rassembler de nouveau vers un seul point au centre. De nouveau la fumée pris l’apparence d’un homme et enfin la structure volatile reprit celle d’un être fait de cher et de sang.
« Boum ! Le feu d’artifice de la victoiiiiire ! HA ! »Il se courba d’une façon théâtrale vers l’homme costumé comme pour le remercier d’avoir assisté au spectacle. Mais c’était aussi pour saluer le public. Lorsqu’il se remit debout il croisa les bras, un sourire en coin, les yeux mis clos.
« Ce n’était même pas amusant, je savais très bien que vous auriez gagné. Je l’ai vu seulement en quelques instants. Je vous en donne la preuve. »Il tendit une main, paume vers le ciel et une sphère d’ombre commençait à apparaître. La technique était similaire à celle de Yami mais moins précise.
« Cette technique vous l’avez déjà vu, même si je ne la reproduis pas parfaitement - c’est une question de temps - mais elle possède l’inconvénient d’être moins efficace si on se trouve dans un lieu éclairé. Vous n’avez pas besoin de tous ces artifices vous, n’est-ce-pas ? Vous avez autre chose qui vous permet de mieux ressentir le combat, prendre le dessus, mieux le maîtriser. Vous étiez un peu comme ça… »Il se mit de profil et commençait à exécuter différent coups dans l’air qui correspondait au style de l’homme à moustache, bien qu’il paraissait brouillon pour celui qui s’y connaissait. Il s’arrêta puis, toujours le corps et le visage de profil il lança un regard profond en coin vers Mister Borg, toujours avec ce sourire mesquin. Un peu plus tard il se remit en face.
« J’aimerais en voir un peu plus. Accepteriez-vous de m’affronter ?... Je sens que vous ne pouvez refuser, je le vois dans vos yeux. » ...
Pendant ce temps, dans le bureau du directeur.
« Magnum on a un sérieux problème. »Tous les écrans du bureau avaient le regard mesquin de cet homme étrange en gros plan et l’homme le plus important du Colisée avait les yeux fixés sur ce visage.
« Moi j’aurais plutôt dis… Ahem… "Magnum on a un problème si grave qu’il nous échappe", mais c’est vous qui voyez après tout monsieur le Directeur. On n’a pas la même notion de danger visiblement. Vous comptez faire quelque chose ?»« Il fait tout ceci pour que je vienne en personne, il a une idée derrière la tête. J’aimerais tout de même m’assurer de qui il s’agit, même si j’ai un vilain pressentiment sur son identité, sa façon de se battre ne m’est pas inconnue… du tout. »« Serait-ce la personne à laquelle j’ai pensé aussi ? »« Qui d’autre ? »« Donc je me demande, comment allez-vous vous y prendre ? »« Nous allons discuter. Arnold venez avec moi !»« Vous allez discuter… en compagnie d’Arnold ? »« Simple précaution. Même si y aller seul suffirait. Tant que j’y pense, Magnum, désactivez le simulateur.»« C’est comme si c’était fait monsieur ! Bonne chance à vous et à Arnold ! Et… Ne détruisez pas le Colisée s’il vous plait ! »« On essaiera oui. »...
Un peu plus tard dans le vaisseau Halberd.
Un flash blanc apparut et les voici tous les trois de nouveau dans l’arène avec tout le public autour d’eux. Yami se trouvait toujours dans sa position inerte de trophée. L’homme étrange faisait toujours face à Mister Borg. Le public n’acclamait pas, mais il n’était pas non plus silencieux. C’était plutôt un brouhaha de discussion pour se demander ce qu’il se passait en ce moment même.
« Hun ! Cela ne changera rien, ici ou ailleurs, le destin reste le même. »A côté de lui, il aperçut une chaussure posée sur le côté. Il la ramassa tranquillement, l’examina puis la tendit vers son interlocuteur.
« Avec ceci vous serez plus à l’aise je pense, mon brave. »