D'un pas un peu lourd et légèrement incertain, il se dirigea vers la salle qui faisait office de cuisine. Dans un meuble, il attrapa une bouteille d'eau en verre et deux verres avant de revenir dans le salon. Il y vit Eirina ôter de son armure et la placer à côté du canapé avant de nouer le foulard de sa mère autour de sa taille.

"C'est sans doute bien plus confortable sans ton armure..."

Il se posa à côté d'elle, déposa le verres, qu'il rempli, sur la table basse. Attrapant le sien, il tendit son verre à la guerrière.

"À notre nouvelle demeure."

Ils n'avaient pas encore put porter de toast pour la fin des travaux, c'était à présent le meilleur moment pour le porter. Il avala une gorgée avant de reposer le verre sur la table et se plaça confortablement dans les coussins du canapé. Si jamais le sommeil le prenait au dépourvu, il serait déjà installé.

Yst, qui s'était rendu dans la cuisine, revint avec une bouteille d'eau et deux verres. Il s'installa à nouveau à ses côtés et replit les verres avant de lui en tendre un.

<< Oui, à notre nouvelle demeure ! >> lança-t-elle avec un sourire.

Assoiffée, elle but la totalité du verre et le garda ensuite à la main, tout en jouant avec les reflets des flammes sur la surface du récipient. Alors que le sommeil s'emparait d'elle, les paroles d'une berceuse que lui chantait sa mère lui vinrent à l'esprit.

<< Douce nuit au clair de lune
La mer s'écoule doucement sur le sable
Effaçant les traces de nos existences
Faisant place au silence, sous le ciel du soir

Douce nuit au clair de lune
Sur l'eau se reflètent les astres
Une douce brise dompte les vagues
Et la mer s'étend au loin, caressant les nuages >>

L'ange chantait à mi-voix, tout en fermant les yeux, arborant un léger sourire.

Fixant les flammes dans l'âtre, il songeait à Ylisse. La menace que représentaient les Disciples de Grima avait été écartée mais le royaume ne serait jamais totalement à l'abri du danger, même le seigneur Chrom ne pouvait rien n'y faire. Bien qu'un seul homme, que se soit lui ou un autre ne puisse pas être d'une grande aide, il aurait préféré être présent pour défendre sa patrie mais, maintenant qu'il se trouvait ici, il ne pouvait plus rien n'y faire.

Il fut tiré de ses pensée par une douce mélodie que l'ange chantait à mi-voix, un sourire au lèvres. Il en aborda un à son tour, la voix d'Eirina était toujours un plaisir pour les oreilles. Il voulait, en cet instant, avoir un violon dans les mains afin d'accompagner la guerrière. Plaçant ses mains comme s'il en avait un, il joua dans le vent. Rosario avait accepter de lui inculquer l'art du violon en parallèle de sa formation d’Épéiste-Mage, il regrettait presque à présent.

Son mal de crâne s'apaisa peu à peu, sans doute l'air relaxant de l'ange. En même temps, il se sentit de moins en moins fatigué. Peut-être que les pensées qui le troublait l'on réveiller, peut-être que le chant d'Eirina lui redonnait du courage, il ne le savait pas mais, à présent, il était en pleine possession de ses moyens et de ses réflexes.

Tout en chantant, les yeux clos, cette douce berceuse que le temps n'avait su effacer de sa mémoire, elle se voyait dans la petite chambre qui était la sienne, assise sur son lit, écoutant avec passion la voix de sa chère maman. En l'espace d'un instant, elle se vit à la place de sa mère, assise en face de la petite fille qu'elle était, les cheveux en bataille et les yeux pleins d'étoiles. Une larme coula sur sa joue.

L'ange ouvrit les yeux, comme si cette soudaine vague de nostalgie l'avait réveillée. Sans interrompre le fil de son chant, elle regarda le mage, qui faisait quelques mouvements rappelant ceux d'un violoniste. Elle sourit davantage et se mit à chanter avec plus d'aisance, amusée par l'attitude de l'homme.

<< Dommage que l'on aie pas de violon sous la main dit-elle une fois sa chanson achevée. D'habitude, je m'accompagne à la harpe... Le mariage des deux instruments aurait été magnifique. >>

Son père avait autrefois offert une magnifique harpe à sa mère. Cette dernière lui avait appris à en jouer, et elles passaient de longs après-midis à chanter ensemble au son des cordes de l'instrument. Lorsqu'Eirina sut en jouer correctement, elles jouaient toutes deux sur le même instrument, ce qui donnait un duo assez exceptionnel. Palutena lui avait fourni une harpe semblable, bien que moins belle, sur laquelle elle pouvait continuer à pratiquer après sa mort.

Elle était déçue de n'avoir pu conserver qu'un foulard.

Elle continua un peu sa mélodie avant de se stopper et de s'adresser à lui.

<< Dommage que l'on aie pas de violon sous la main. D'habitude, je m'accompagne à la harpe... Le mariage des deux instruments aurait été magnifique. >>

Il s'était arrêter peu après la guerrière. Il hocha la tête en soupirant.

"En effet... Un violon ne serait pas de refus."

Dans l'élan musical qu'avait prit la soirée, il plaça ses mains non loin de sa bouche et mimait l'utilisation d'un ocarina.

"J'affectionne également l'ocarina. Je trouve que ses sons peuvent se coupler avec une grande variété d'instrument."

Il avait appris de lui même l'ocarina pendant ses heures perdu à Traval, parfois le soir au clair de lune, on pouvait s'adapter à toute sorte de situation avec un ocarina, allant des gais ballade ou mélancolique symphonie. Il en était de même pour le violon, voilà pourquoi il avait porter son choix sur ces instruments et pas d'autre.

Posant un bras sur l'accoudoir et l'autre sur sa jambe. Il attrapa son verre et but une rapide gorgée avant de le reposer à nouveau.

Cessant ses mouvements, il affirma aimer l'ocarina. Les yeux de la jeune femme se mirent à briller.

<< Je trouve cet instrument très intéressant. Le son qu'il produit est plus beau que n'importe quel instrument à vent. Un voyageur était venu en jouer un jour dans notre village, mais je n'ai jamais pu en toucher un... >>

Elle soupira. De nature passionnée de chant et de musique, la plus grande déception de sa vie était de n'avoir pu apprendre qu'à jouer de la harpe. Elle aurait aimé savoir manier un maximum d'instruments, pouvoir accompagner son chant de plein de manières différentes, ou tout simplement composer diverses mélodies, librement. Bien qu'immortelle, elle n'avait plus le courage de s'y mettre. Elle aurait aimé accomplir cela de son vivant afin de plaire aux mortels, mais à quoi bon à présent ? Le temps ne lui manquait pas, mais le cœur n'y était plus.

Eirina aussi semblait beaucoup apprécier l'ocarina, mais, à la grande déception de cette dernière, elle n'a jamais put en toucher un.

"Peut-être que je pourrais t'enseigner l'art de l'ocarina ?"

Il regarda ses mains, agitant les doigts comme pour jouer de l'instrument dont ils parlaient.

"Personnellement, j'ai appris à en jouer durant mes heures perdue, lors que ma présence n'était nécessité. Il nous faudrait juste trouver un ocarina."

Il cacha un léger bâillement du revers de sa main. La fatigue semblait vouloir reprendre ses droits. Secouant un peu la tête, il n'y avait plus rien à faire la fatigue revenait peu à peu.

"Excuse-moi, mais ça te dérange que je m'allonge un peu ?"

Il avait apparemment appris l'art de l'ocarina en autodidacte, et lui proposa de lui apprendre à en jouer.

Elle sourit à nouveau.

<< Ce serait avec plaisir... >>

Le même problème se posait cependant : il leur fallait trouver un ocarina. Même en l'absence d'instrument, la proposition du mage réchauffait le cœur de l'ange.

Il ne pût cacher sa fatigue, ce qui arracha également un bâillement à la guerrière.

<< Excuse-moi, mais ça te dérange que je m'allonge un peu ? >>

<< Pas de souci, mets-toi à l'aise ! >>

Elle se pencha et posa sur la table basse le verre qu'elle tenait toujours.

La proposition qu'il lui avait faite l'intéressait beaucoup. Puis à sa question sur l'autorisation de s'allonger, elle lui déclara de se mettre à l'aise. C'est plutôt timidement qu'il s'installa sur le canapé, la tête posée à côté de l'ange, les jambes pliées sur l'accoudoir. Il commença à rougir en regardant le visage d'Eirina.

"Je... Euh... Comment dire... Euh... Eh bien... Est-ce que... Je peux poser ma tête sur tes jambes ?"

C'est le visage écarlate qu'il arriva enfin à sortir la fin de sa phrase. Même si il parvenait à contrôler sa peur en présence d'Eirina, demander une telle chose le mettait dans un tel embarras qu'il aurait préférer s'abstenir de poser la question. Si il en avait la possibilité, il se serait cacher dans son manteau mais celui-ci reposait sur la chaise d'à côté. Il déglutit d'embarras.

"Je-Je-Je comprendrais parfaitement que tu ne le veuille pas."

Il se tourna alors sur le côté afin de faire face aux flammes.

Il s'allongea donc sur le canapé, la tête à côté de la jeune femme. Elle le regarda faire en souriant. Yst la regarda, rougissant, et lui demanda s'il pouvait poser sa tête sur les jambes de la jeune femme. Il n'attendit pas sa réponse qu'il se tourna vers les flammes.

Elle rougit à son tour.

<< Ç-Ça ne me dérange pas... Au contraire... >>

Elle tourna la tête, ne voulant pas paraître embarrassée. Puis elle ne pût s'empêcher de sourire légèrement. Il lui avait dit avoir peur des femmes, et il réussissait pourtant à lui demander cela.