Un signe du ciel, vraiment ?

Et pourtant ce fut le cas, il avait entendu un grondement sourd dans le ciel, et bientôt se tenait devant lui, haut dans le ciel, quelque chose qui perçait l'atmosphère, une sorte de créature ailée. Elle brillait ! Elle brillait fortement, comme enveloppée par la lumière, un peu comme une créature divine. Elle brillait tellement que cela aveugla l'échidné qui fut bien vite obligé de porter une main contre le visage pour éviter d'être ébloui.

S'agissait-il du légendaire grand Condor ? En un tel lieu ! La prophétie était-elle sur le point de se réaliser ?

Capac ne put s'empêcher alors de s'agenouiller au sol, le front contre le sol et prier le grand Soleil d'une telle bénédiction.

Lorsqu'il se redressa pour voir où l'apparition s'était posée, il fut stupéfait d'apercevoir une autre créature sortir du grand Condor. Était-ce un prophète ? Venait-il pour le salut de son peuple ? Pour le libérer lui ?

L'échidné s'empressa de dévaler la pente et de se diriger vers ce signe du ciel, trop plongé dans sa foi pour penser avoir faire face à une quelconque créature hostile. Elle semblait partager les particularités d'un reptile. Pourquoi pas après tout ? Le grand Soleil protège toute créature de la nature de tout manière.

Lorsqu'il fut tout proche, il s'inclina.

"Votre venue est providentielle ô prophète du grand Condor. Je suis votre serviteur. Puisse le grand Soleil être éternel."

Bien sûr il aurait dû s'en douter, pourtant il avait eu tant d'espoir de recevoir un soutien ou juste une marche à suivre pour sauver son peuple, au point que sa foi l'avait aveuglé... en même temps que la carrosserie réfléchissante de l'appareil. Non ce n'était pas une créature magique, c'était uniquement un moyen de transport aérien qui avait réfléchit la lumière et lui avait donné cette impression de grandeur spirituelle.

Il s'approcha alors de l'engin d'un air curieux et tapota la carlingue avec sa lance.

*CLANG* *CLANG*

Bien évidemment, cela n'avait rien de magique, tout comme ce qu'il venait de découvrir au Colisée, toutes ce choses dont il n'arrivait toujours pas à comprendre le fonctionnement.

"Vous pouvez me traiter de fou, mais j'aurais bien cru jusqu'au bout que vous étiez un envoyé du grand Soleil. Heureusement pour vous, j'ai appris à être un peu plus ouvert d'esprit depuis que je suis arrivé dans ce monde. Chez moi on vous aurait sacré grand prophète sans que vous n'ayez pu vous expliquer, on vous aurai vêtu de l'habit traditionnel et vous seriez forcer de proclamer vos prédictions. Par malheur si on apprenait que vous n'étiez rien de tout cela, on vous aurait exécuté sur le champs, même sans avoir rien fait de mal."

Capac se mit à glousser, comme s'il s'imaginait la scène et se rendait compte après coup que ce genre de traditions était très différentes de ce monde. Peut-être trop arriéré pour certains gens.

"Permettez-moi de me présenter. Je m'appelle Capac, aussi désigné comme Aigle du Zénith."

Fit-il en se courbant, une main contre le torse. Puis il observa davantage le vaisseau.

"Dites... vous pouvez aller loin avec ceci ?"

Espace ? Atmosphère ? Ces mots n'avaient aucune signification pour l'échidné, et même si on lui expliquait il aurait du mal à imaginer quelque chose au delà de la voute céleste. Il se contenta donc d'avaler son explication sans faire preuve de curiosité. Il inspecta davantage le profil de l'engin qui semblait être fait pour fendre l'air et être aussi rapide qu'un aigle.

Il cherchait des personnes. Un renard ? Un faucon bleu ? Il y en avait surement au moins un de cette espèce au Colisée mais personne qui ne se démarquait vraiment. Puis il repensait à un fois où il avait visité le Colisée de façon plus intense, il y avait cette salle empreinte de grandeur et qui inspirait le respect avec toutes ces statues imposantes. Les deux espèces qu'il citaient se trouvaient dans ce lieu.

"Je n'ai rencontré aucun de ceux-là jusqu'à présent. Toutefois, il y a bien une représentation d'un renard à côté d'un faucon parmi les statues du panthéon dans le Colisée. Sur l'une des statue je me rappelle encore d'un prénom puisqu'il était facile à retenir, je crois que c'était Fox. En tout cas comme vous vous en doutez, c'est la première fois que je vois un 'vaisseau' de cette apparence et il s'agit du votre."

"Le panthéon se trouve à l'intérieur du Colisée, c'est une grande bâtisse au nord-ouest d'ici, dans la plaine. Malheureusement je ne peux vous en dire plus à ce propos, vous devriez demandez aux personnes qui s'occupent de ce lieu pour en savoir plus."

D'ailleurs pourquoi ne s'était-il posé aucune question à ce propos ? Peut-être parce que son esprit était trop occupé par son entrainement. Logiquement si ces statues étaient présentes en un tel endroit c'est que les différentes figures de ce lieu avait eu un rôle à jouer par le passé. C'était un peu comme les effigies en bois des héros de sa tribu qui étaient construites sous forme de totem. Au sommet se trouvait la silhouette du héros - un tant soit peu ressemblante - et jusqu'au sol avaient été sculptés différentes représentation divines, tel des aigles ou des loups. Ces totems se trouvaient souvent à l'emplacement des tombes des défunts héros ou des nobles personnages. Chaque année une cérémonie était organisée en leur honneur. Capac savait qu'il n'aurait pas droit à une telle reconnaissance, rien qu'à cause de son statut social.

L'instant d'après on lui proposa de faire un tour dans ce vaisseau. L'échidné fut prit de court. Il appréhenda l'espace d'un instant l'idée de voler dans ce dispositif dont il ignorait la fiabilité. Ce n'est pas non plus comme s'il n'était pas habitué à la voie des airs, tandis que sa capacité à planer lui permettait ce privilège, mais faire confiance à une machine c'était autre chose. Pourtant Lizord était toujours en un seul morceau malgré tout, et il devait sûrement l'utiliser souvent, alors pourquoi hésitait-il ? La peur de l'inconnue peut-être. Il se mit alors à regarder en l'air et se rendit compte après coup qu'il pourrait être le premier échidné à bénéficier de ce privilège. Peut-être en ressortirait-il changé sur sa vision même du monde. Il respira un bon coup.

"Il faut un début à tout il parait. Je vous suis."

Capac s'arrêta net. Il semblait avoir oublié un détail. Est-ce que sa lance ne les gênerait pas ?

"Si nous revenons ici je devrais peut-être laisser mon arme, je ne pense pas qu'on vienne me la voler de toute manière."

Vu le désert qu'était ce paysage c'était même une certitude. Il alla alors la poser près d'un rocher.