Simestia vit soudain un homme sortir de la forêt à proximité. Elle commença par le mettre en joue, assez inquiète. Il était suffisamment imposant pour qu'elle comprenne qu'en cas de combat au corps-à-corps, elle pouvait mourir. Elle plissa légèrement les yeux et tenta de mieux jauger son ennemi. Chaque seconde qui passait lui permettait de détecter un nouveau danger chez l'humain. Il était plus musclé que la plupart des guerriers de chez elle. Il ne ressemblait pas vraiment à ceux de sa région natale, Varisia, mais peut-être était-il un barbare ?
« Mais gueule pas comme ça, bordel! »
Ces paroles ne firent que la conforter dans son idée, et cela la rassura : elle savait que les barbares ne pouvaient pas faire usage de la magie, donc il n'était pas à l'origine de cet espèce de portail magique qui l'avait envoyé ici. Elle continuait à le menacer, mais écoutait attentivement ce qu'il avait à dire.
« Hé! Tire moi dessus et tu te feras un adversaire pour une bonne heure! J'suis pas un ennemi baisse ton arc! »
Simestia hésita une seconde. Une seconde à se demander de quelle façon il valait mieux risquer de mourir. Avec un léger soupir, elle décida de suivre son instinct premier, qui était toujours de faire confiance. Elle baissa son arc et se résigna à simplement laisser l'homme parler. Il n'avait d'ailleurs pas l'air de vouloir se taire, et tant mieux, la rôdeuse voulait en savoir le plus possible. Cela dit, il n'avait pas l'air de savoir grand-chose. La seule information notable consistait en la façon dont l'humain était arrivé ici, à savoir, la même que Simestia.
De plus, il se présenta. ''Heinrich Ventrecroc'', et ''Ventrecroc'' était un surnom. Simestia se fit la réflexion, peu rassurante, que cela ressemblait un peu à un nom de chef de tribu gobeline. De plus, il se nommait lui-même mercenaire. Cela étonnait la jeune elfe. Ordinairement, c'était un mot plutôt insultant pour les aventuriers. Mais après tout, les choses étaient peut-être différente au royaume de Potencie – nom qui ne lui ravivait aucun souvenir de Géographie, mais la surface de Golarion était bien trop vaste pour en connaître toutes les régions. Lorsqu'Heinrich eut fini de parler, la rôdeuse prit quelques rapides secondes pour ranger son arc et sa flèche dans son dos, signifiant ainsi qu'elle ne représentait pas de menace, et se présenta à son tour :
« Je m'appelle Simestia Léoregi, aventurière rôdeuse. Je viens de Varisia. Désolée d'avoir été un peu menaçante, mais je me dois de me défendre en cas de danger. »
Cette phrase simple servait souvent à ne pas être considéré comme une pauvre fragile petite chose, ce qui était donc très utile. Elle avait un peu hésité à s'excuser, mais elle venait de menacer quelqu'un qui, visiblement, ne le méritait pas : il avait au moins le droit d'entendre un ''Désolée''.
Des tas de questions brûlaient les lèvres de la jeune femme, mais la plupart allaient attendre. Elle ne posa d'abord que la plus importante.
« J'ai bien compris que vous ne savez pas vraiment où nous sommes, mais peut-être avez-vous apreçu un village, une auberge au moins ? »
Elle priait dans son for intérieur pour avoir une réponse positive – sinon, et bien, elle aviserait.