Eirina commençait à s'habituer au contact de l'eau sur sa peau. Elle tentait, tant bien que mal, de ne pas laisser ses sombres souvenirs envahir son esprit, mais plutôt de laisser place à des souvenirs heureux. Son village se situait en bord de mer, ainsi avant les tragiques événements qui bouleversèrent le cours de son existence, elle s'y rendait souvent avec ses parents. Ils lui avaient appris à nager, à pêcher, et un jour même, elle avait construit un radeau avec son père. Se remémorant ces joyeux moments, elle sourit.
Toujours à ses côtés, Yst assura qu'il ferait tout ce qu'il pourrait pour lui venir en aide. Suite à cela, il se laissa glisser dans l'eau et s'immergea totalement, prenant la main de l'ange, comme pour l'inviter à l'imiter. L'observant, elle eut un temps d'hésitation avant de finalement l'accompagner.
Fermant les yeux à son tour, elle se laissa glisser dans l'eau, tenant fermement la main du mage. La poitrine, les épaules, le visage... Tout. Son corps entier disparut peu à peu sous la surface du lac, l'empêchant de respirer.
Les sons se propagent plus vite et plus loin dans l'eau. Le souffle coupé et les yeux clos, elle écoutait ce que les vibrations des ondes lui apportaient. C'était calme. On percevait de temps à autre le bruit des ondulations d'un banc de poissons, ou d'un oiseau attrapant l'un d'eux à la surface. En dehors de ces bruits sourds, le silence. C'était comme avoir la tête dans un autre monde, plus calme encore que les caprices de la mer, toujours chamboulée par quelque vague. L'eau était douce et, malgré sa fraicheur, les rayons du soleil qui filtraient à travers la surface réchauffaient doucement le visage de la jeune femme.
Puis un tout autre son vint perturber le silence du lac. Soudainement, Eirina se redressa et reprit son souffle. Elle n'était restée que quelques secondes en apnée, pourtant cela lui avait paru être des minutes entières. Tournant vivement la tête, elle trouva rapidement la source du bruit qui la perturba. Le destrier, qui continuait de vivre sa vie au bord de l'eau, avait décidé de s'abreuver non loin d'eux.
Poussant un léger soupir, elle considéra un instant ses mains trempées, puis éclata en sanglots. Ce n'étaient pas des larmes exprimant de la douleur ou de la tristesse, mais plutôt un profond soulagement, et de la joie.
« M-Merci Yst... Merci infiniment... » parvint-elle enfin à articuler.
Elle l'avait fait. De longues années de tourmente prenaient progressivement fin, et ça, elle le devait à l'élu de son cœur. Jamais elle n'aurait osé accomplir cela sans lui.