Veralwynn, visiblement mieux réveillé, lui étala un discours argumenté. Eirina était presque choquée de cette réponse puérile. Provocatrice, elle attendit qu'il finisse son monologue pour lui bailler littéralement au nez.
"Tu m'excuseras, mais je n'ai pas de temps à perdre avec un misérable pion de Viridi. Je suis aussi exténuée que toi, mais je fais attention à mes affaires. Tu veux savoir ? Oui, c'est de sa faute si je suis partie de chez Hadès. Je songeais déjà à partir, car je n'avais aucune indépendance en le servant, mais il m'a trainée au combat contre l'armée de la Nature, et voilà le résultat..."
Elle déploya avec peine ses ailes, et montra à Veralwynn la grande cicatrice qui lui striait l'intérieur de l'aile gauche. Jamais elle n'avais osé montrer cette blessure à qui que ce soit, ou même en parler, mais elle voulait prouver à l'ange de la Nature l'atrocité des actions de sa Déesse, sur les humains comme sur les autres.
"Je ne peux pas voler. Je ne peux plus. C'était une des seules activités qui me plaisaient le plus après ma mort, mais on me l'a arrachée. La faute à qui, hein ? Je sais même pas pourquoi je te dis ça, tout ce que tu retiens c'est que je sers Palutena. Tu reflètes bien ton mentor : aucune compassion. D'ailleurs, je te rappelle que s'il n'y avait pas d'humains, tu ne serais pas là, à moins que dans ta vie antérieure tu n'aies été un chien ou un serpent, mais j'en doute. Ah, non, pardon. Tu étais un singe. Ça montre ton affinité avec ceux de ce monde. Ça prouve aussi pourquoi tu ne nous comprends pas. Il n'y aurait peut-être pas de dieux si les humains ne nourrissaient pas leur puissance par leur dévotion. Ils détruisent la nature selon toi, et en réponse que faites-vous ? Vous les détruisez de plus belle ! Vous tentez d'éradiquer la race humaine pour vous faire plus de place, bande d'égoïstes que vous êtes ! Je suis étonnée que l'un des généraux de Viridi soit un ancien humain, car comprendre et adhérer à son système n'est pas tâche facile, même pour un Dieu. Et pour tout te dire, je n'ai jamais personnellement manqué de respect à son œuvre, à la nature qui nous entoure. Ces villes que vous pointez du doigt avec dégoût, ce n'est pas de ma faute en particulier. J'y ai vécu, certes, mais c'était l’œuvre des autres et de mes ancêtres, jamais je n'ai demandé de telles conditions de vie en particulier. Viridi met tous les humains dans le même panier, c'est ça que je lui reproche. Avant de dire que nous défendons le mal, essayez de comprendre le système de fonctionnement de la totalité des humains. Tu défendais sa cause de ton vivant, je me trompe ? Aurais-tu aimé qu'elle te supprime ainsi que les autres pour le simple fait que tu aies été humain, alors que tu allais dans son sens ? Si tu n'étais pas mort d'une autre main, elle ne t'aurai pas mis sur un piédestal."
Après réflexion, son discours paraissait plus long que celui de Veralwynn. Au moins, elle a été franche, c'est tout ce qu'elle voulait. Eirina fut tout de même étonnée d'avoir su garder son sang froid, sûrement à cause de la fatigue.
"Je ne suis pas venue te provoquer, je veux juste que tu libères cette place sur laquelle je compte passer la nuit, c'est tout."